Si l'Ordre des avocats de Strasbourg est relativement jeune, car créé le 6 décembre 1823 (il fête donc en 2023 son bicentenaire), la présence d'avocats à Strasbourg est attestée depuis au moins 1248.

Création de l'Ordre des Avocats de Strasbourg

Entre 1810 et 1823, le Barreau, comprenant moins de 20 membres, est administré par le Procureur du roi, qui tient le Tableau et nomme le Bâtonnier. Au cours de l’année 1823, le Barreau atteint les 20 membres : le voilà en mesure de s’auto-administrer. Et c’est ainsi que se tient le premier Conseil de l’Ordre de notre histoire, le 6 décembre 1823.

Le barreau français de Strasbourg a vécu jusqu’au 2 octobre 1871.

Au cours de cette période allant de 1823 à 1871, plusieurs figures étonnantes peuvent être citées : Louis LIECHTENBERGER, grand pénaliste, républicain convaincu, est élu bâtonnier pas moins de treize fois. Et si le mandat du Bâtonnier n’est alors que d’une année seulement, et si la tradition est de réélire systématiquement le Bâtonnier l’année suivante, il n’en demeure pas moins qu’il est le recordman absolu des élections ordinales des avocats.

Il faut citer également Félix MOMY, élu Bâtonnier à huit reprises entre 1836 et 1861, Charles RAU, professeur de droit civil bien connu et, élu Bâtonnier à cinq reprises entre 1852 et 1869, Jacques-Frédéric RAUTER, lui aussi professeur à la faculté de droit, élu Bâtonnier à quatre reprises entre 1825 et 1834 ; on ne peut passer sous silence Georges-Frédéric SCHUTZENBERGER, maire de Strasbourg et député, ou encore Maurice ENGELHARD, Bâtonnier de l’Ordre de Strasbourg en 1869 et 1870, nommé maire de Strasbourg par le gouvernement de défense nationale puis, une fois réfugié à Paris, élu président du Conseil municipal de Paris !

Tableau de l'Ordre en 1825.

Des « familles » d’avocats se manifestent déjà, telle celle de Georges-Philippe HEPP, avocat et éminent professeur de droit, et quatre de ses fils, tous avocats. Certains auront été avocats peu de temps, mais auront toujours gardé le sens du service désintéressé : ainsi en va-t-il, chacun dans son genre, d’Alphonse RATISBONNE (avocat de 1838 à 1842) ou de Jacques KABLE (avocat de 1853 à 1856). Le premier, après sa conversion au catholicisme, distribue tous ses biens aux pauvres, devient jésuite, puis fonde avec son frère aîné Théodore la congrégation Notre-Dame de Sion. Le second, républicain convaincu, est président de la section strasbourgeoise de la Société internationale de secours aux blessés en 1870 ; il met sur pied douze ambulances pendant le siège de Strasbourg, paye de sa personne avec une abnégation impressionnante ; il sera par la suite élu député à l'Assemblée Nationale puis au Reichstag.

Le Barreau suite à l'annexion allemande

Après la guerre malheureuse contre les Prussiens (1870-1871), l’Alsace et la Moselle deviennent allemandes. Le barreau français de Strasbourg est dissous le 2 octobre 1871, pour donner naissance le même jour à un barreau allemand de Strasbourg. 30 des 48 confrères que compte Strasbourg quittent le barreau ce jour-là. D’autres vont suivre le mouvement, et le Barreau allemand de Strasbourg ne compte plus, sur le Tableau de l’année 1873, que… 5 avocats et 1 stagiaire !

Ce barreau allemand de Strasbourg est transitoire : les ordres allemands d’avocats vont être organisés par régions en vertu de la loi du 1er juillet 1878. C’est ainsi en 1879 que l’Ordre allemand de Strasbourg est dissous pour devenir un Ordre régional allemand des avocats-avoués d’Alsace-Lorraine, comprenant les anciens barreaux de Strasbourg et Saverne, Colmar et Mulhouse, Metz et Sarreguemines. Il perdure jusqu’en 1919.

Le Barreau entre les deux guerres mondiales

Après la fin de la guerre 1914-1918 et le retour de l’Alsace-Moselle à la France, cet Ordre régional, devenu l’Ordre régional français des avocats-avoués d’Alsace-Lorraine, subsiste encore pendant trois ans.

C’est le 20 mai 1922 seulement qu’est recréé un barreau français à Strasbourg, sous l’impulsion d’un des grands avocats strasbourgeois de l’époque, qui avait été nommé depuis la fin de la guerre à la présidence du Tribunal de Grande Instance de Strasbourg : Frédéric ECCARD. Celui-ci est d’ailleurs élu le même jour, à l’unanimité et par acclamation, Bâtonnier de l’Ordre reconstitué.

On peut citer, parmi les grands noms de l’entre-deux-guerres, Georges SCHMOLL, Frédéric PFERSDORFF, Henri DEGAND, Charles BURGER, Paul RIFF, Alfred BAUER, Gustave WEBER, Jehan BURGUBURU et déjà Lucien BAUMANN. Contrairement au régime appliqué en France, les avocats alsaciens et mosellans, après 1918, restent également avoués, même s’ils ne portent plus le titre d’avocats-avoués. C’est ainsi que l’Alsace et la Moselle n’auront plus jamais connu, après l’annexion allemande, de chambre locale d’avoués, alors que cette profession perdure jusqu’en 2011 dans le reste de la France.

En 1940, le bâtonnier s’appelle Camille JEHL. Il a été élu en 1938.

Le Barreau pendant la Seconde guerre mondiale

La défaite de l’armée française conduit les Allemands à occuper tout le nord de la France. En Alsace toutefois, il ne s’agit pas d’une occupation mais d’une véritable annexion.

Les Allemands prennent possession de tous les postes de pouvoir. Il en va ainsi des Conseils de l’Ordre, dont les Allemands nomment le bâtonnier, ou plus exactement le Vorstand der Anwaltskammer. Il s’agit de Maître Frédéric KLEIN. L’annexion aurait pu être rendue très difficile à vivre au barreau de Strasbourg. Or c’est entre autres grâce à Frédéric KLEIN que le barreau – en tant que corps constitué – n’a pas trop à souffrir des nazis. Mais bien des confrères seront meurtris dans leur chair pendant cette période-là.

L'après-guerre

La période de l’après-guerre est difficile.

Certains sont morts, d’autres ont changé d’activité professionnelle (l’un d’eux est parti exploiter à Paris une société d’organisation de matches de boxe et un bar-restaurant sous le nom de « Club des Cinq » ; le bâtonnier de l’Ordre, non sans humour, l’en félicite et précise que « les bénéfices dans cette profession sont, pour le moment tout au moins, certainement plus substantiels que ceux que nous pouvons avoir comme avocat avec des affaires d’assistance judiciaire en nombre infini » et lui précise toutefois que cette activité lui apparaît comme incompatible avec la profession d’avocat…), d’autres encore sont revenus après des années d’absence.

Si l’UJA naît le 4 février 1947, dans une petite salle du restaurant Le Rocher du Sapin, rue du Noyer, témoignant du renouveau dynamique du barreau sous l’impulsion des jeunes confrères (Marcel RUDLOFF en sera le premier président élu), de nombreux et graves procès, séquelles directes de la guerre et de ses maux, vont durer bien longtemps encore (épuration, procès des spoliations)… jusqu’au terrible procès dit de Bordeaux ou plusieurs confrères strasbourgeois (le bâtonnier Pierre SCHRECKENBERG, son collaborateur Louis OSTER, Paul MINGES, Richard LUX…) interviennent aux côtés de Malgré-Nous, procès qui obligera le gouvernement à voter en urgence des lois d’amnistie.

L’histoire du barreau de Strasbourg est ainsi un concentré de l’histoire de l’Alsace au cours des XIXe et XXe siècles, avec ses périodes de joie et avec ses douleurs.

Le plus grand barreau de l’Est

Le Barreau de Strasbourg, créé en 1823, compte aujourd’hui près de 1200 avocats. Il fait partie des dix plus grands barreaux de France en nombre d’avocats.

C’est un barreau jeune et dynamique. Il est le plus grand Barreau de l’Est de la France et concentre les trois quarts des avocats d’Alsace. En son sein, il y a forcément l'avocat qui vous convient.

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